Boy Erased (2018)

Un sujet difficile, traité gravement mais sobrement, dans une Amérique puritaine pour laquelle la sexualité est encore régentée (et rigidifiée)par les églises chrétiennes. La règle est simple : tout ce qui n'est pas écrit dans notre "loi" est diabolique.
En fait, ces soi-disant thérapies de conversion, dans un enrobage pseudo-religieux, s'apparentent davantage à ces hôpitaux psychiatriques dans lesquels les autorités soviétiques enfermaient leurs opposants. Une méthode quasi-totalitaire pour tenter d'éradiquer tous ceux qui ne ressemblent pas à l'homme idéal tel qu'ils le conçoivent (père de famille, bon mari, bon voisin et qui fréquente l'église) et qui porteraient préjudice à leur sacro-sainte "moralité".
Jared a choisi de ne pas mentir à ses parents, de ne plus se mentir à lui-même. Mais quel autre choix avait-il s'il voulait ne pas devenir schizophrène ? Notre époque nous révèle que ces hommes que l'on pensait autrefois peu nombreux, et que l'on traitait par le mépris, l'insulte ou la persécution, comme une sorte d'exception à la règle dite "normale" sont en réalité une majorité (environ 3 sur 5, même si certains le dissimulent longtemps ou le refoulent encore).Les hétérosexuels sont en réalité la minorité qui a servi et sert encore de modèle de "normalité", un garde-fou qui limite les excès et les abus des comportements homosexuels. En effet, pour ces derniers, l'amour signifie la sexualité charnelle du corps-à-corps, quoi qu'ils puissent en dire car ils n'en peuvent pas connaître d'autre : la satisfaction matérielle de l'ego et le plaisir des sens est le moyen et le but. Leur drame intime est qu'ils savent (ou ils le soupçonnent) que le lien qui unit un homme et une femme est d'une autre nature, différente et incompréhensible pour eux. Ce n'est pas un lien religieux, mais il participe de quelque chose de "célestiel" : on l'a appelé « l'amour ». Par une imitation qui les rassure et qui les inclut dans l'humanité hétérosexuelle de laquelle ils savent être exclus, ils se sont appropriés ce mot, l'amour, sans pouvoir en vivre à aucun moment la magie, l'étonnante et mystérieuse alchimie de l'union des contraires. C'est pourquoi leur désir est une quête sans fin, un besoin jamais assouvi.
Qu'est ce qu'un prêtre, un pasteur ou n'importe qui pourrait faire pour modifier une vérité organique établie depuis l'origine des hommes ?
Oui, il y a deux races d'hommes, deux seulement, et elles se ressemblent à s'y méprendre. Il reste à apprendre que ceux qui stigmatisent les homosexuels sont ceux qui refusent de se reconnaître tels. Ils sont les premiers à leur lancer la pierre. Ils pensent ainsi échapper à la honte et à la culpabilité qui les ronge.